Paysanne sur la Zad.

Je m’ installe pour longtemps et pense mon activité ici à long terme.

Paysanne parce que je veux fournir des bons produits de base à mes semblables. Parce que je veux être au contact de la réalité de la production des besoins vitaux. Je veux prendre soin de la terre qui m’ est confiée et la transmettre aux prochaines générations en meilleur état.

Dans ce bocage, Je ressent fortement la richesse de l’héritage des siècles de paysan-nes qui ont façonné-es ce paysage. Je me sent aussi dans la continuité des luttes paysannes locales et mondiales qui se battent (encore et toujours) contre l’accaparement des richesses et l’exploitation de notre travail.

Je fais le choix d’installer illégalement mon activité agricole sur la Zad pour contribuer à empêcher l’urbanisation et l’agriculture industrielle de détruire le bocage.

Je m’ installe comme paysanne à la Zad et je m’ associons à la lutte des habitants et paysans historiques pour préserver leur cadre de vie. J’ai de la gratitude pour la détermination de toutes les personnes investies dans cette lutte depuis tant d’années.

J’ai envie que les terres acquises par cette lutte servent en particulier a accueillir plein de petits projets paysans qui n’ont pas accès à la terre ailleurs. Et que la solidarité des paysan-nes intallé-es soutiennent ceux-celles qui se lancent.

J’ai envie que l’enjeu agricole sur la Zad soit vu comme le fer de lance de notre autonomie collective.

Je m’associe à toutes les personnes des campagnes qui vivent sous la menace de l’urbanisation dévorante des mégapoles. J’ai envie de m’ investir dans le tissu local, sans les frontières d’une zone.

Je m’installe ici aussi pour rejoindre le mouvement d’occupation et participer au bouclier humain qui s’interpose depuis 2009 à toutes volontés de destruction du bocage.

Je m’ installe sans titre de propriété, ni bail, ni autorisation.

Je suis enregistrer à la MSA pour avoir un statut officiel et pouvoir vendre mes produits.

Je prend le risque d’investir de l’argent et du temps dans mon outil de travail malgré l’insécurité de la zone.

Je revendique le droit d’usage de la terre que j’ habite, que je travaille et qui me nourrit. Je m’ oppose à la propriété qui autorise la spéculation et la rente foncière.

Je revendique mon droit de décider avec les autre usagers de ce territoire, du devenir de ces terres, dans un souci de partage des ressources planétaires et de préservation des équilibres naturels.

J’ai aussi envie de pratiquer l’autogestion pour toutes les décisions concernant nos vies et nos luttes. Ainsi je souhaite faire avancer notre déconditionnement des rapports de domination, de soumission et d’oppression.

Je revendique le droit à satisfaire mes besoins de subsistance par la production vivrière et-ou la vente des fruits de mon travail. Je revendique le devoir à un niveau de vie sobre, et souhaite privilégier un partage d’éventuel excédent plutôt qu’une accumulation individualiste indécente.

Je ne souhaite être contrôlé, jugé, diriger, gérer ni par de quelconque institutions extérieurs, ni par des théoriciens de l’anti-capitalisme.

Virginie.